Le jardin méditerranéen se trouve dans le square Camille Rozier, situé impasse Chamussy.
Le square Camille Rozier, situé impasse Chamussy, a été inauguré ce samedi 23 septembre 2023. Il a la particularité d'accueillr un jardin méditerranéen, à l'épreuve du changement climatique.
Ce petit jardin public s’attache à réinterpréter un condensé de beauté et de richesse des paysages méditerranéens. Le jardin du XXIe siècle est évolutif et dynamique, espace naturel et lieu social et un modèle de pratiques nouvelles et d’adaptation aux enjeux du futur.
Un jardin à l’épreuve du réchauffement climatique :
Entre 1980 et aujourd’hui, la région est passée d’un climat tempéré humide à un climat tempéré subméditerranéen. La température annuelle moyenne a augmenté de 1,4°C dans le département. En 30 ans, le climat méditerranéen est remonté de 70 km à 100 km vers le nord et l’ouest. Suivant cette dynamique, le climat devrait devenir méditerranéen à Riorges, d’ici 2080 (source INRAE).
Un jardin méditerranéen moins nécessitant en eau :
L’eau est une ressource naturelle précieuse et qui va devenir de plus en plus rare. Les étés sont régulièrement marqués par des restrictions d’utilisation d’eau potable pour irriguer les jardins. Il est donc nécessaire d’adapter, dès à présent, nos pratiques. Le jardin méditerranéen est un jardin sec qui demande beaucoup moins d’eau que les jardins classiques et d’ores et déjà adapté aux futures conditions climatiques.
Les paysages méditerranéens situés entre l’Afrique et l’Eurasie sont très variés avec des montagnes allant jusqu’à 4500 m d’altitude, des péninsules, des plaines, des déserts et des littoraux. Ces régions représentent 15% de la diversité floristique mondiale. La flore méditerranéenne est la plus riche d’Europe avec près de 22 500 espèces dont 11 700 espèces ne se trouvant nulle part ailleurs.
La principale menace qui pèse sur ces espèces est l’important développement des activités humaines (urbanisation, tourisme de masse…) qui entraînent une fragmentation et une perte des habitats.
Pour aller plus loin : les principes du jardin sec :
La sécheresse au jardin n’est plus la problématique des seules régions méditerranéennes. Des espèces végétales ayant déjà entamées leur migration vers le nord, le choix de végétaux méditerranéens adaptée aux nouvelles conditions du milieu local est l’une des voies à suivre pour garantir la pérennité des jardins. Fort ensoleillement, terre légère et pauvres, talus pentus, pieds de murs, gravats, sol mince avec fondations, roche affleurante, zone ventée… ne sont plus une fatalité ils deviennent même une opportunité pour un jardin sec.
Les 10 étapes suivantes vous permettront de créer des jardins réussis dans ces environnements difficiles à végétaliser pour un jardinier novice, et d’avoir un jardin toujours facile à vivre avec peu d’entretien !
1) Un décompactage profond du sol
Le décompactage profond du sol favorise l’obtention d’un système racinaire plongeant qui rend les plantes plus vites indépendantes en eau. La biobêche, également appelée Grelinette, est l’outil le plus adapté pour aérer la terre sans la retourner ce qui est préjudiciable à la vie du sol.
Un sol décompacté en profondeur favorise un système racinaire profond (à gauche) tandis qu'un sol non décompacté favorise un système racinaire superficiel (à droite).
2) Ne pas amender ni fertilliser la terre
Les plantes utilisées sont issues de paysages aux sols pauvres et dégradés. Des pelletées de sable ou de gravier dans le trou de plantation seront préférables. Les terreaux, engrais, compost, fumiers… n’ont pas leur utilité dans un jardin sec. En effet, une terre trop riche fera pousser trop vite vos végétaux en réduisant leur durée de vie et aura tendance à laisser se développer plus d’adventices qui sont des plantes bien souvent gourmandes en nutriments.
Un sol appauvri dans un jardin sec (à gauche) et un sol amendé dans un jardin classique (à droite).
3) Le drainage
Pour s'assurer d'un drainage optimal, il est idéal de faire des allées en points bas et fondées en matériaux caillouteux, et des massifs surélevés pour évacuer par gravité l’eau stagnante hivernale.
Un sol drainé vers les allées dans un jardin sec (à gauche) et un sol drainé vers les massifs dans un jardin classique (à droite).
4) Optez pour le paillage minéral
Cette couverture du sol pérenne permet de lutter contre les adventices, limiter les pertes en eau par évaporation, parfaire le drainage au collet des plantes. Les paillages en bâche plastique tissée sont peu adaptés aux plantations en général car monte trop en température en période estival et se désagrège en micro-plastique source de pollution, les paillages végétaux (écorce, plaquette bois, BRF…) sont à réserver aux autres types de jardins. On peut couvrir le sol avec 8 à 10 cm de gravier.
Un paillage minéral dans un jardin sec (à gauche) et un paillage organique dans un jardin classique (à droite).
5) Pas d'arrosage automatique, goutte-à-goutte ou asperseurs
Les plantes utilisées sont issues de climats secs et ont un cycle naturel de repos estival pour se prémunir des fortes températures. Un arrosage inadapté risquerait de les faire mourir par des maladies. Il faut néanmoins surveiller le manque d’eau la première année. L’arrosage se limite donc à un apport manuel individuel à la cuvette, en quantité importante de 20 à 30 litre d’eau par plante, toutes les 3 à 4 semaines en période sèches pendant le premier été. A partir de la 2e année, il n’est plus nécessaire d’arroser car les plantes seront autonomes en eau.
Un arrosage par aspersion développe un système racinaire superficiel (à gauche), un arrosage au goutte à goutte développe un système racinaire superficiel et déséquilibré (milieu), un arrosage manuel à la cuvette développe un système racinaire profond et équilibré (à droite).
6) Utiliser des plantes sauvages
Les plantes sauvages ont évoluées au fil des siècles dans des conditions naturelles difficiles au contraire des plantes horticoles plus fragiles. Les plantes ont adopté des stratégies d’adaptation forte face à la sécheresse. Dormance estivale, double système racinaire, réduction, diminution de la surface foliaire, réduction de la transpiration, captation de l’humidité de l’air, stockage de l’eau dans leur structure, production d’huiles essentielles… sont autant d’outils de résilience qu’elles ont su développer.
Les plantes méditerranéennes sont résilientes à la sécheresse (à gauche) tandis que les plantes horticoles sont gourmandes en eau (à droite).
7) Choisir une plantation en petits sujets.
Plus vous plantez avec des plants petits et jeunes, plus la reprise sera facile, et la longévité sera forte. Une grosse plante qui aurait été élevée de nombreuses saisons en pépinière ou forcée à l’engrais et à l’eau pour pousser plus vite, mettra plusieurs années à s’acclimater aux conditions de vos jardins si bien qu’elle finit par atteindre sa taille adulte plus lentement. Une bonne qualité de plante ne se reconnait pas à sa hauteur de végétation mais au volume de son système racinaire. Celui-ci ne doit pas faire de chignon racinaire, c’est-à-dire être rester trop longtemps en pot et avoir commencer à s’enrouler sur lui-même par manque de place. Ce chignon est préjudiciable à la reprise car il limite l’ancrage de la plante et peut provoquer à terme la mortalité de la plante due à un étranglement du collet par les racines qui s’enroulent autour.
Un petit plant jeune aura une reprise rapide et une longévité forte (à gauche) tandis qu'un grand plant aura une reprise lente et une longévité faible (à droite).
8) Une densitée optimisée
Un jardin en équilibre passe par la densité de plantation. Pour cela il est indispensable de tenir compte de la taille adulte des végétaux dans l’espacement de plantation des végétaux. Ces espaces libres et ouverts pourront être complétés par des végétaux à port rampant et tolérant les zones plus ombrées afin de couvrir le sol sous des plantes plus hautes. Un espacement trop large sans plantes couvres-sol laissera passer la lumière jusqu’au sol qui sera favorable aux adventices.
Une densité de plantation optimisée permettra un jardin en équilibre (à gauche) alors qu'une densité de plantation faible augmentera le développement des adventices (à droite).
9) Une entretien adapté
Qui doit intégrer des arrachages manuels des adventices la première année pour éviter toute concurrence préjudiciable à la reprise des plantations.Il faut cependant avoir à l’esprit que certaines plantes méditerranéennes ont une durée de vie limitée compensée par une forte propension à se ressemer. Conserver les fleurs fanées permet ainsi aux graines de mûrir et aux plantes d’assurer leur descendance. Le désherbage manuel devra donc toujours laisser la place aux semis naturel qui viendront renouveler ces plantes et faire évoluer le jardin au fil du temps.
Beaucoup de plantes méditerranéennes sont allélopathiques, c’est-à-dire quelles diffusent des composés chimiques contenus dans leur sève ou feuillage. Ce principe leur permet d’éviter la germination des adventices pour dominer le milieu, c’est pourquoi ne ramassez pas leurs feuilles mortes tombées au sol. Au fil du temps, la croissance viendra également refermer progressivement l’espace entre chaque plant, et le manque de lumière limitera le suivi de désherbage.
Les raines et feuilles mortes au sol assurent la pérennité d’un jardin sec (à gauche) tandis que trop toiletter un jardin sec donnera plus de travail de désherbage et verra disparaitre certaines plantes au fil du temps (à droite).
10) Accueillir la biodiversité
La biodiversité est indispensable pour développer les équilibres écologiques. En plantant de nombreuses espèces vous limitez ainsi les risques de mauvais choix de plantes ou les maladies qui pourraient se répandre rapidement dans une plantation monospécifique.Laisser s’installer la faune auxiliaire en supprimant toute intervention néfaste (taille drastique, ramassage des feuilles mortes, travail du sol, application de pesticides ou insecticides…) permet de développer l’équilibre prédateurs-ravageurs et de lutter contre des maladies qui pourraient survenir sur vos plantes.
Accompagnez le retour d’une biodiversité utile à votre jardin sec et supprimez vos interventions néfastes pour créer un équilibre naturel dans votre jardin sec :)